MØ-NØ – Debbie
Écouter le premier EP de MØ-NØ, c’est un peu comme entrer dans un laboratoire musical et se laisser bercer par les sonorités oniriques concoctées par Lena Woods et Matteo Casati. Intitulé ‘Debbie’, ce disque invite à la rêverie grâce à des compositions paradoxalement douces et brutales à la fois. Le contraste est troublant tant la voix profonde et envoutante de Lena, portée par des notes de piano tenant ici la place centrale, est entremêlée de sons saturés et dissonants créés à coups de synthés et de boites à rythme par Matteo. C’est ce qui fait toute l’originalité du projet et le résultat est sans conteste surprenant et captivant.
Lena Woods et Matteo Casati se sont connus il y a dix ans sur les bancs du conservatoire de Paris. Après plusieurs expérimentations musicales, il décident de créer MØ-NØ, sorte de projet hybride aux frontières de la pop, de la musique électronique et du rock. Leurs influences sont également très variées, allant de James Blake à Jockstrap en passant par Massive Attack ou encore Radiohead. Très imagée, leur musique trouverait aisément sa place dans une bande originale de film. ADHD, le premier titre de l’EP, nous plonge d’emblée dans cet univers dystopique et sombre où seule la voix de Lena offre un peu de nuances et d’émotions. L’ambiance est électrique. Et elle émane des arrangements de Matteo qui sont impressionnants de maitrise, notamment sur le titre Freedom qui est sans doute le plus abouti de tous. Ici leur musique prend une autre dimension, tout en relief et en grandeur.
Et on aurait tort de ne pas continuer à explorer l’univers du duo car le charme continue d’opérer tout au long de l’EP. Le duo alterne ainsi entre moments suspendus, notamment avec le sublime Tomorrow Comes ou l’inspirant Quiet; et fresques sonores saisissantes avec The Leak qui détonne grâce à ses basses puissantes et ses rythmes tranchés. « It’s gonna be alright » chante Lena tel un mantra dans le refrain de la chanson éponyme. Pourtant, difficile de sortir indemne en découvrant cet opus avec lequel MØ-NØ captive, infusant une pop électronique sombre à la dimension cinématographique bien marquée. Une belle découverte !