Goodbye Karelle : « Je n’ai pas envie de rentrer dans une case précise »
Ses premiers pas, Karelle Tremblay les fait à la télé au Québec en décrochant un rôle dans la série ‘Le club des doigts croisés’ alors qu’elle n’a que 12 ans. S’en suivent des rôles de plus en plus importants sur le petit mais aussi sur le grand écran qui lui valent quelques récompenses. Mais l’envie de faire de la musique commence peu à peu à émerger. C’est ainsi qu’en 2023, elle sort son premier album intitulé ‘Hugh Greene & the Lucies Made Me’ sous le pseudonyme de Goodbye Karelle. À mi-chemin entre folk et rock, elle y explore les doutes et les questions d’identité d’une quasi-trentenaire, portée par une voix rauque et habitée qui n’est pas sans rappeler celles de Leonard Cohen ou Lana Del Rey. Après quatre dates dans l’hexagone, Goodbye Karelle faisait escale au festival Art Rock à Saint-Brieuc avant de reprendre la route du Québec. C’est à cette occasion que nous l’avons interrogé sur son parcours, ses inspirations et ses futurs projets.
The Morning Music : Tu as débuté ta carrière dans le cinéma avant de te lancer dans la musique, comment y es-tu venue ?
Goodbye Karelle : J’ai grandi dans la musique plus que dans le cinéma et la télé à vrai dire, ça a vraiment été un hasard que je fasse ça finalement. La musique a toujours énormément fait sens dans ma vie donc. Je tourne dans des films et des séries depuis que j’ai 12 ans et à un moment j’étais fatiguée. Et puis j’avais envie de me consacrer vraiment juste à la musique et voilà pourquoi j’ai consacré trois ans de ma vie à faire mon premier album.
The Morning Music : Tu penses à ne faire que de la musique désormais ou allier les deux ?
Goodbye Karelle : Si je le peux, j’aimerais vraiment vivre de ma musique. Mais ce n’est pas toujours si simple, il faut bien travailler.
The Morning Music : Tu as appris seule la musique ?
Goodbye Karelle : C’est avec mon père que j’ai appris la guitare mais pour le reste je suis autodidacte.
TMM : Tu as sortie ton premier album ‘Hugh Greene & the Lucies Made Me’ en 2023 porté par le single Moonroad. Comment est née cette chanson ?
Goodbye Karelle : J’ai une sorte de grande fascination pour les feux, les feux de foyer, les feux de camp et la lune. Quand j’ai écris cette chanson, c’était un moment où je me posais beaucoup de questions, où j’avais l’impression de pas vraiment être sur mon mon x (à l’endroit où l’on veut être, ndlr). Je vais avoir 30 ans mais je trouvais à ce moment là que j’étais trop âgé pour être à un stade de ma vie où je n’avais pas encore de maison à moi. Que j’étais loin des buts que je m’étais fixée. Donc je me posais toutes ces questions en regardant la lune et c’est ce qui m’a inspiré cette chanson. Même si tout s’effondre autour de nous, elle reste là, à faire de son mieux. C’était comme une figure rassurante pour moi à ce moment-là.
TMM : Ta voix rappelle tantôt celle de Lana del Rey, je pense notamment à la chanson Sneakers, tantôt celle de Leonard Cohen. Ce sont des artistes qui t’inspirent ?
Goodbye Karelle : Léonard Cohen, oui je dirais. Il a habité à Montréal à quatre maisons de chez moi, j’ai grandit en écoutant ses albums parce que mon père était fan de lui. Ses textes m’inspirent et me touchent beaucoup. De manière générale, j’écoute beaucoup de chansons à texte, plus que de la musique instrumentale. Donc oui c’est sûr que Cohen est une grande inspiration pour moi.
TMM : Est-ce que musicalement il y a d’autres groupes qui t’inspirent ?
Goodbye Karelle : Il sont nombreux, je pense par exemple aux textes de Daniel Johnston qui m’ont beaucoup touché, avec ce côté cassette qui m’a inspiré pour cet album. J’ai grandit avec le rap, à écouter du Mac Miller, Wiki, Outkast. C’est pour ça qu’il y a dans ce que je fais un rapport aux mots très important.
TMM : Il y a une ambiance feutrée dans cet album, un subtil mélange de rock et de balades folk telles que Devil Town et Interlude for You. Est-ce que tu continues d’écrire de nouvelles chansons et seront-elles dans la même veine ?
Goodbye Karelle : Oui, on est en train de travailler sur le prochain album. Je dirais que ce sera un peu plus contemporain, j’ai travaillé avec un beatmaker qui est plus habitué à faire du hip-hop et du rap, il n’y aura pas de vraies batteries dessus. On y retrouvera notamment deux collaborations avec des rappeurs français. Donc ce sera un peu plus moderne je dirais. Et pour le suivant, j’aimerais faire un album de crooner à la Elvis. Je n’ai pas envie de rentrer dans une case précise. On jouera d’ailleurs ce soir des chansons du nouvel album.
TMM : Est-ce que tu sais quand il va sortir ?
Goodbye Karelle : C’est prévu qu’il sorte en janvier prochain et avant ça il y aura la sortie du premier single en octobre.
TMM : Tu as fait plusieurs dates en France ces derniers jours avant celui de ce soir à Art Rock, comment s’est passé cette rencontre avec le public français ?
Goodbye Karelle : C’était bien honnêtement. Toute une organisation à voyager d’une ville à l’autre avec nos guitares et nos pedalboards. Mais c’était super, les gens sont vraiment intéressés, les salles étaient pleines partout où on jouait. Après le concert, les gens venaient me voir en disant qu’ils étaient hyper touchés. Ça a un effet sur moi qui est très positif. Et comme on a fait plusieurs concerts avant celui de ce soir, on est prêt.
TMM : C’est vrai que le public français est réputé pour être attentif et à l’écoute. C’est comment au Canada ?
Goodbye Karelle : La différence c’est qu’en France, on aime cette culture anglophone alors qu’au Québec, on est dans une bataille de langues. Certains se battent pour conserver le français donc il y a ce truc quand tu es québécois et que tu chantes en anglais, on va pas te lancer des tomates, mais on est un peu amer. Je pense que c’est pour ça que le but de mon label était de pousser l’album en Europe pour l’instant puis par chez moi après.
TMM : Comment trouves tu l’atmosphère de ce festival breton ?
Goodbye Karelle : On vient d’arriver en fait. J’ai mangé un kouign amann, c’était bon (rires). Mais j’aime beaucoup les festivals, je peux pas trop voir à quoi ressemble la ville quand c’est pas un festival. Mais c’est le fun de voir les gens investis et intéressés pour aller voir des groupes. Je trouve ça cool quand il y a un événement annuel dans les petites villes comme ça qui rassemble tout le monde. C’est beau, on a pas ça chez nous, on est dans une grande ville. Pour voir de beaux bâtiments comme ça, il faut aller dans un tout petit coin de Montréal.
TMM : Avant de se quitter, dis moi, qu’est-ce qu’il y a dans ta playlist en ce moment ?
Goodbye Karelle : En ce moment j’écoute en boucle The Mexican de Babe Ruth, mais genre en boucle. J’écoute aussi le dernier album de Wiki, un rappeur de New York, mais aussi des vieux trucs, du Bob Dylan. Je n’ai pas vu le film encore. Mais vraiment, le morceau de ma tournée, c’est The Mexican.