On avait laissé Angus Stone à Sugarcane Mountain, un manoir située dans une vieille ferme de canne à sucre où l’australien s’était installé pour enregistrer ‘Kimosabè’, le quatrième album de son projet solo Dope Lemon. Sorte d’alter-ego cosmique du chanteur folk, celui-ci incarne depuis presque une décennie ses explorations sonores, le situant quelque part entre la pop nonchalante de Mac DeMarco et l’indie rock mélancolique des Local Natives. Et si dans ‘Kimosabè’ Angus Stone évoquait son enfance, il prend le contrepied avec ‘Golden Wolf’ en s’interrogeant sur ce que l’avenir lui réserve. Ce nouveau chapitre ouvre le champ des possibles, non seulement dans les thèmes abordés mais également dans les sonorités. Toujours ancrées dans le groove caractéristique de son projet musical, elles sont ici plus amples, plus aériennes.

Avec ‘Golden Wolf’, Stone nous invite à prendre de la hauteur. Cette fois, le voyage se fait à bord d’un hydravion jaune, aux parois tapissées de daim, imprégnées d’un parfum de cèdre chauffé par le soleil. Dans cet appareil de fortune, Dope Lemon nous emmène vers un lieu atypique où il a puisé son inspiration pour cette nouvelle série de morceaux. La destination ? Une vieille ferme nichée sur une côte sauvage, au bord d’un désert oublié. À l’intérieur, le temps semble suspendu : des secrets d’une autre époque y sommeillent, entre récits de voyages énigmatiques et correspondances amoureuses captivantes. Chez Dope Lemon, rien n’est jamais laissé au hasard, pas même la légende qui entoure la naissance d’un nouvel album.

Ambitieux et inspiré, ce nouveau cru s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, capturant la chaleur étouffante des étendues désertiques et la fraicheur salvatrice des nuits d’été. Sugarcat ou Electric Green Mambo permettent à Angus Stone de s’ériger en ambassadeur du cool avec un rock solaire qu’il maitrise désormais. A l’inverse, We Solid Gold ou le titre éponyme nous embarquent dans un univers davantage indie folk, conservant néanmoins cette ambiance feel good, sorte de fil conducteur présent tout au long de l’album. Tout ou presque ici est fait pour appeler à la danse et à saisir le moment, à l’image de She’s All Time remettant la surf music au gout du jour. Yamasuki – Yama Yama, et bien plus encore Dust Of A Thousand Stars, qui clôture l’album, viennent y injecter une bonne dose de rock psychédélique trouvant aisément sa place dans cet ensemble de titres lumineux.

Porté par un paysage sonore oscillant entre un rock langoureux baigné de soleil et des grooves nocturnes aux reflets chatoyants, ‘Golden Wolf’ fait l’éloge de la lenteur. Plutôt que de foncer vers une destination précise, il vous convie à savourer chaque détour : les élans et les silences, la solitude comme la fête. À l’image du désert, à la fois aride et sublime, c’est un espace suspendu, où le temps s’étire. Où l’on peut, ne serait-ce qu’un instant, se perdre pleinement.

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