Entre battements et murmures, l’univers sonore de Léonie Pernet
Il arrive parfois que le voyage dépasse le simple dépaysement, qu’il s’élève au rang d’expérience intérieure. Dans ces instants suspendus, la poésie s’invite. Celle qui surgit dans un souffle de vent, dans un silence partagé, dans un paysage qui semble murmurer quelque chose d’indicible. La poésie devient alors une vibration intime, un miroir tendu à l’âme.
C’est quelque part entre Paris et Niamey, la capitale du Niger, que naît ‘Poèmes pulvérisés’, le troisième album de Léonie Pernet. Un voyage musical à la fois initiatique et cathartique, marqué par la rencontre de la musicienne avec sa famille paternelle et la découverte d’un pays longtemps resté en marge de son histoire personnelle. Bouleversant, ce retour aux sources a servit de point de départ pour la composition de ce disque, entre pop hybride et musique électronique. Inspirée par ses racines africaines, comme en témoigne le titre Paris-Brazzaville, elle explore un continent intérieur fait d’émotions brutes, de mémoires croisées, de paysages sonores en mouvement. Tout en prenant de la hauteur comme pour mieux capter les battements du monde.
À la manière de René Char, dont le recueil Le poème pulvérisé écrit après la Seconde Guerre mondiale a inspiré le titre de l’album, Léonie Pernet questionne notre époque : la condition humaine, les conflits qui déchirent la planète, la question de l’après. « Est-ce qu’il nous incombe de réparer un peu le monde ?« , chante-t-elle dans Réparer le monde, une ballade bouleversante, à la fois intime et universelle. Dans un monde saturé d’images et de récits formatés, le salut ne viendrait-il pas de la poésie ? Du simple fait d’accepter que le sensible ait voix au chapitre ?
Ce troisième album est aussi celui d’une affirmation artistique. Léonie Pernet s’y révèle pleinement, assumant sa voix, son timbre, ses textes, ses métissages. Elle bouscule les codes, fait dialoguer musique classique, électro, French pop, rythmes africains, sonorités arabes ou expérimentales. Dans Poèmes pulvérisés, elle fracture les formes, fait éclater la langue et la structure pour mieux tracer sa propre voie. Acid Niger, Touareg, Paris-Brazzaville… Autant d’hymnes vibrants, électroniques, percussifs, qui traduisent un désir ardent : celui d’un monde sans frontières, où les identités se croisent, se parlent, se transforment. Où la poésie, encore et toujours, éclaire la route.