Depuis sa création, Art Rock inaugure chaque année la saison des festivals en Bretagne. Pour sa 42ᵉ édition, l’événement met en avant une programmation qui mêle têtes d’affiche internationales et talents confirmés de la scène francophone, une alchimie qui participe à son immense popularité. Parmi les festivals les plus anciens du pays, Art Rock affiche une fois de plus complet, un exploit que peu d’autres festivals bretons peuvent revendiquer. Un tel succès est dû à la qualité de son line-up, mais aussi à son enracinement profond dans le territoire : implanté dans la ville historique de Saint-Brieuc, le festival bénéficie d’un soutien local indéfectible, avec des habitants toujours présents pour ce rendez-vous devenu une véritable tradition.

La soirée du samedi était placée sous le signe de la bonne humeur et de la joie de vivre, marquée par la présence de Philippe Katerine et d’Angélique Kidjo mais aussi par la douceur d’Aliocha Schneider et l’énergie folle de La Femme. Troisième et dernier soir de cette 42ème édition, le festival Art Rock accueillait en ce dimanche les écossais Franz Ferdinand, la new-yorkaise Cat Power ou encore le boss Oxmo Puccino.

Place aux légendes

Et le premier à s’élancer c’est Monsieur Puccino. Arrivant sur scène, soutenu par une canne mais porté par une énergie débordante, il s’apprête à offrir un spectacle mémorable aux festivaliers qui affluent peu à peu près de la Grande scène. Amoureux de lettres et des mots, l’anticonformiste Oxmo Puccino est devenu en 25 ans de carrière l’une des figures les plus respectées du rap français. Celui qui se définit comme un poétiseur séduit à la fois par la profondeur de ses textes et par sa bonne humeur. Accompagné d’un batteur et d’un DJ qui manie le scratch vocal avec virtuosité, Puccino interprète ses plus grands succès : J’ai mal au mic, Soleil du nord mais aussi une version intimiste du titre Bal de Bamako de Lamomali sur lequel il avait collaboré. Le public, tout de suite conquis, est transporté par cette énergie brute et authentique.

Alors que la foule se dirige vers la scène B pour assister au show de Theodora, quelques personnes choisissent de patienter pour être aux premières loges lors de la montée sur scène de Cat Power. La légende de la musique folk américaine a choisi Art Rock pour sa seule date en France en 2025, un privilège rare, afin de présenter son hommage à Bob Dylan. En 2023, elle enregistrait l’album ‘Cat Power sings Dylan : The 1966 Royal Albert Hall Concert’, un moment marquant de la carrière du chanteur lorsque celui-ci vira électrique. Semblant intimidée et stressée de prime abord, l’artiste a néanmoins sublimé les morceaux de Bob Dylan, entonnant tour à tour le doux Mr Tambourine Man et les magnifiques versions acoustiques de It’s All Over Now, Baby Blue et Just Like A Woman. Rejointe par le groupe au complet pour une suite plus électrique, elle termine cet hommage avec l’incontournable Like A Rolling Stone avant de quitter la scène visiblement émue de l’accueil breton.

SBRBS et Franz Ferdinand : du rock à l’état pur

Place ensuite au rock sur la scène B avec les locaux de l’étape : SBRBS (prononcez Suburbs). Après un passage remarqué en 2019 et la sortie de leur premier album ‘The Devil You Know’, Marie Herbault et Hadrien Benazet rejoints sur scène par le batteur Franck Richard reviennent avec plus d’assurance et d’expérience et cela se ressent. Rude et sensuelle, la musique de SBRBS allie l’impertinence du rock stoner et l’élégance de la pop. Ça envoie, c’est simple et efficace, sans fioritures, à l’image du titre éponyme. En les écoutant, on pense à Band Of Skulls, à Nothing But Thieves et aux Kills. Un live prometteur qui augure beaucoup de belles choses pour la suite pour le groupe briochain.

La nuit tombe tandis qu’Yseult chauffe la place pour la bande à Alex Kapranos sans démériter avec un show énergique. A l’image de son virage pop marqué par la sortie d’Alibi, son duo avec Sevdaliza et Pabllo Vittar devenu son plus grand succès à ce jour. Il est enfin 23h quand Franz Ferdinand prend d’assault la Grande scène, ouvrant avec son tube The Dark Of The Matinée devant les acclamations du public briochain. Venu présenter son dernier album, ‘The Human Fear’ paru en janvier dernier, le groupe écossais a également joué ses titres les plus emblématiques Take Me Out, terminant avec This Fire. Entre deux morceaux, Alex Kapranos s’essaie à quelques phrases en français, gardant le contact avec un public conquis. 21 ans après leur premier passage, Franz Ferdinand confirme sa place dans le cœur du festival.

Rendez-vous en 2026 !

La soirée touche à sa fin mais ne faiblit pas. Direction la petite salle du Forum pour un final électrique avec les New-Yorkais de TVOD. Le sextet, déjà programmés l’an dernier aux Transmusicales, délivre un concert incandescent, aux relents de Clash ou de Joy Division. Chaque morceau est un concentré d’énergie brute. Une véritable claque ! Car Wreck, avec son refrain imparable, prend ici une toute autre ampleur, tout comme le furieux Uniform. Sur cette scène intimiste, l’ambiance est survoltée : c’est Party Time au sens propre.

Pendant que Dombrance et Pogo Car Crash Control faisaient la ferm’, une chose est sûre : cette 42ᵉ édition d’Art Rock a tenu toutes ses promesses. Rendez-vous est déjà pris pour la 43ᵉ, les 22, 23 et 24 mai 2026. Vivement l’année prochaine !








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