Chaque année, Art Rock donne le coup d’envoi de la saison des festivals en Bretagne. Pour sa 42ᵉ édition, le festival affiche une programmation mêlant têtes d’affiche internationales et valeurs sûres de la scène francophone, un savant équilibre qui contribue largement à son succès. L’un des plus anciens festivals de France affiche à nouveau complet cette année, un exploit que peu d’autres événements bretons peuvent revendiquer. Ce succès s’explique autant par la qualité de sa programmation que par son ancrage territorial : installé au cœur de la ville historique de Saint-Brieuc, Art Rock bénéficie d’un fort soutien local. Chaque année, les habitants répondent présents, fidèles à ce rendez-vous devenu incontournable.

Vendredi soir, les festivaliers ont pu découvrir les écossais de Texas menés par la charismatique Sharleen Spiteri, la jeune révélation Solann ou encore Yelle, la locale de l’étape, qui présentait un spectacle co-produit par l’association organisatrice du festival. Après cette belle première soirée, le festival Art Rock se poursuivait ce samedi avec la venue très attendue du fantasque Philippe Katerine. Et bien avant l’ouverture des portes, les rues adjacentes étaient déjà bien vivantes. Nombreux sont ceux en effet qui profitent du « off », 42% de la programmation étant gratuite et libre d’accès.

Vendredi soir, le festival a démarré en beauté avec une programmation haute en couleurs : les Écossais de Texas, emmenés par la charismatique Sharleen Spiteri, la jeune révélation Solann, et la locale Yelle, qui a présenté un spectacle co-produit par Art Rock. Angelique Kidjo et Philippe Katerine enflamment la scène d’Art RockEt bien avant l’ouverture des portes, les rues avoisinantes vibraient déjà au rythme du « off », 42 % de la programmation étant gratuite et libre d’accès, attirant une foule monstrueuse dans tous les recoins de la ville.

Adés The Planet et Aliocha Shneider : la force de la jeunesse

Il est 18h et c’est à Adés The Planet qu’il revient d’ouvrir cette deuxième soirée. Accompagnée de son guitariste, la jeune artiste offre un show à la fois énergique et émouvant. Son mélange de rap et d’électro, allié à des textes puissants, capte immédiatement l’attention. Sur scène, Adés est d’une sincérité bouleversante, notamment lorsqu’elle interprète J’pleure en dansant, un morceau où la rage et la tristesse se mêlent dans une émotion brute, et où la jeune artiste verse même quelques larmes. Cette performance, soutenue par le dispositif des Inouïs du Printemps de Bourges, démontre qu’Adés a désormais tout d’une grande.

Sur la grande scène, le publie est transporté dans un univers plus doux avec Aliocha Schneider qui, bien que de retour après deux mois d’absence sur scène, livre un show bien rodé. Ce dernier interprète les morceaux phares de son album éponyme dont notamment L’Océan des amoureux dédié à son petit frère Vassili, Julia, Avant elle et Ensemble qui séduisent une foule suspendue à ses paroles. La pluie, bien que furtive, fait déserter quelques festivaliers, mais sans pour autant entacher la beauté de ce moment suspendu en cette fin d’après-midi.

Angélique Kidjo : une tornade d’énergie et de paix

Ce n’est certainement pas une coïncidence si le soleil fait sa première apparition de la journée pour accueillir la tout aussi solaire Angélique Kidjo. La diva béninoise aux cinq Grammy Awards, vêtue d’une robe élégante blanche et bleue, fait monter le curseur d’un cran en livrant une prestation à l’énergie contagieuse. Avec son hymne We Are Africa, elle délivre un message de paix, d’unité et de fraternité, s’adressant avec émotion au public breton : « You Are Africa, We Are Africa, We Are One« . Proche du public, Angélique Kidjo rend hommage à la Bretagne et à ses crêpes, l’appelle à chanter et à danser avec elle. Et quand elle évoque sa mère décédée avant d’entonner Joy, l’émotion est palpable. « La joie est un état d’esprit et la gentillesse un gilet pare-balle« . Des mots qui résonnent profondément dans un contexte mondial souvent fragile

de l’absurde et du fun avec philippe Katerine

Sur la scène B, Ne rangez pas les jardins et Scratch Massive se succèdent devant quelques festivaliers, tandis que la majorité d’entre eux sont massivement massés devant la grande scène pour attendre l’arrivée de l’audacieux Philippe Katerine. Et celui-ci n’a pas déçu. Le maitre du fun fait son entrée, fidèle à sa réputation : absurde, déjanté, mais toujours brillant. Ne serait-ce que dans ses costumes toujours plus loufoques. Entre robe bleue en plastique, cache-sexe, fausse barbe ou couronne de fleurs comme lors de sa prestation aux JO de Paris, l’artiste fait rire et sourire à chaque instant. Comme lorsqu’il prend une flûte à bec pour un solo ponctué de « chouchen » lancés comme ça à la volée ou quand il nous apprend à faire des bisous pour lutter contre la haine de l’autre. On en oublierait presque les messages eux forts de sens. Derrière les déguisements et les blagues se cachent des réflexions sur l’humanité, l’acceptation de soi, et la lutte contre la haine. Le public se régale sur ses tubes comme Louxor j’adore, La Banane ou Sous mon bob, tandis que ses musiciens offrent une prestation impeccable. Une prestation totalement folle mais d’une grande maîtrise musicale. et une prestation de haute volée de la part des musiciens.

Clôture en beauté avec La Femme

Dernière tête d’affiche de la soirée, La Femme n’a pas démérité avec un show à la hauteur de sa réputation. Il y a de ces groupes qui prennent une toute autre dimension sur scène et La Femme fait partie de ceux là. Avec son lot de chansons aux refrains fédérateurs, le quintet enflamme la foule avec une prestation pleine d’énergie et un mot d’ordre : Foutre le bordel. Du chanteur Marlon Magnée qui prend son clavier tel une guitare pour faire des solos, aux pas endiablés de Noé Delmas et de Fanny Luzignant, difficile de ne pas se faire happer par cette énergie contagieuse. Les productions soignées gagnent ici en profondeur, hypnotisant un public acquit à sa cause. Que ce soit sur Que je ne l’aime pas ou Sur la planche, l’alchimie avec le public fonctionne à merveille. Et quand celui-ci en redemande, La Femme répond présent en lui offrant un moment absolument lunaire. Conviant Philippe Katerine sur scène, tous reprennent en choeur Il était un petit navire. Un moment qui marquera l’histoire de ce festival à coup sûr.

La soirée se poursuivait avec Eloi et MYD sur des rythmes plus électro, clôturant cette deuxième journée du festival qui n’aura connu aucun temps mort. Les sourires sur les visages des festivaliers témoignent de l’extraordinaire énergie qui a régné tout au long de la soirée. Suite et fin dimanche de cette 42ème édition avec les concerts très attendus de Franz Ferdinand, Cat Power et TVOD. La scène d’Art Rock n’a pas fini de briller !

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