Trente ans de carrière, ça se fête ! Devenu au fil des années l’un des groupes les plus influents de la scène post-rock mondiale, Mogwai célèbre aujourd’hui trois décennies de carrière avec l’arrivée d’un 11ème album studio intitulé ‘The Bad Fire’. Le titre de ce nouveau disque n’a pas été choisi au hasard puisqu’il s’agit d’un terme populaire écossais désignant l’enfer et évoque la période difficile qu’ont traversé les membres du groupe, en particulier le claviériste Barry Burns, dont la fille a été gravement touché par la maladie. Cet opus fait par ailleurs suite à ‘As The Love Continues’ paru en 2021 qui s’était classé n°1 des ventes au Royaume-Uni à la suite d’une campagne lancée sur les réseaux sociaux. Pour l’occasion, le groupe de Glasgow s’est offert les services du producteur américain John Congleton qui a notamment travaillé avec Explosions In The Sky et Sigur Ros avec comme ligne de mire offrir aux fans bien plus qu’un énième album mais plutôt la nouvelle pierre angulaire d’un monument du genre.

Car le secret d’une si longue longévité réside certainement dans la capacité qu’ont les britanniques de constamment évoluer avec leur temps en choisissant très tôt dans leur carrière d’intégrer des éléments électroniques dans leur musique. Ce 11ème opus ne fait pas exception explorant toujours un peu plus ce mélange subtil de sonorités électroniques et de guitares rugissantes qui a fait sa renommée. Le single Lion Rumpus diffusé à l’automne dernier nous avait déjà transmis un avant-goût de cette explosion sonore où des voix robotiques s’harmonisent dans des murs de guitares pour un résultat cinématographique grandiose. Plus gracieux, God Gets You Back qui ouvre l’album n’en est pas moins entêtant avec sa ligne de synthé captivante autour de laquelle viennent s’entrelacer d’indénombrables mélodies ainsi que la voix du guitariste Stuart Braithwaite. Dans la même lignée, Hi Chaos est sans aucun doute notre coup de cœur de l’album. Avec cette lente et progressive balade post-rock, les quatre compères de Mogwai nous invitent à affronter la tempête à venir en nous offrant un refuge. Une sorte d’espace de protection où nous allons tous devoir nous serrer les coudes pour affronter les prochains déferlements qui nous attendent durant les quatre prochaines années, tant le monde devient un peu plus incertain et sombre chaque jour.

Avec ‘The Bad Fire’ les écossais restent ainsi plutôt fidèles à leur univers aux influences diverses, à l’instar du monumental If You Find This World Bad, You Should See Some Of The Others. Prenant le contrepied de groupes aux immenses carrières sombrant souvent dans une nostalgie paresseuse, Mogwai continue ici de cultiver sa créativité comme une manière de déroger à la temporalité. Si le morceau Fanzine Made Of Flesh fait office de passage obligé vers la synthé dream pop avec son texte scandé au vocoder façon Daft Punk, 18 Volcanoes empreinte au showgaze de Slowdive tandis que Hammer Room nous offre un revival psychédélique retentissant. Engagé et sincère, Mogwai n’en reste ainsi pas moins audacieux à l’écoute de ce 11ème album qui fera difficilement mieux que son prédécesseur mais trouvera sans aucun doute une place de choix dans la vaste discographie d’un groupe dont l’histoire n’est heureusement pas prête de s’arrêter.

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