La musique de Fatras, c’est une main tendue qui vous entraîne dans une danse effervescente, entrainante et métissée. Une de celles qui réchauffent les corps autant que les cœurs. Depuis plus de vingt ans, ce groupe de chanson française rennais explore les contours du genre, y injectant des sonorités empruntées au rock, aux musiques latines et au jazz. Un brassage qui fait aujourd’hui toute son identité, formant un écrin tout trouvé pour les textes coup de poing écrits par Mathieu Ramage et Benjamin Vauléon. Son dernier EP, ‘À corps perdus’, est le reflet vibrant de ce métissage poétique : une invitation à explorer des contrées sans frontières et sans filtre qui ne laisse personne indifférent.

Sa notoriété, Fatras se l’ait construite en arpentant les scènes et les rues de France et de Navarre. Rien d’étonnant donc à retrouver, dans ce nouvel EP, des titres déjà croisés au détour d’un spectacle ou d’un concert. Marquant un tournant artistique affirmé, le groupe y conjugue l’énergie brute du live avec la richesse musicale qui fait sa signature.
Le morceau À couteaux tirés en est une parfaite illustration, entre tension rock et paroles engagées. Les chansons de Fatras gagnent encore en intensité lorsque les voix de ses deux chanteurs se mêlent, comme sur le plus sombre En corps et à crocs, sans oublier la virtuosité de sa section cuivre. À ce titre, le solo de saxophone sur Une ville la nuit se distingue particulièrement, nous plongeant au cœur de nos nuits arrosées.

Ce qui fait la singularité de Fatras, c’est sans doute cette théâtralité singulière qui habite chacune de ses chansons. Soleil du nord, par exemple, dépasse le simple message pour nous embarquer vers des contrées lointaines, dans une invitation vibrante à la danse. Quant à Lettre à l’autre moi, il met en lumière la plume ciselée de Mathieu Ramage, dans un crescendo d’émotions qui illustre parfaitement ce qui fait la réputation du groupe depuis plus de vingt ans.

Avec À corps perdus, Fatras signe sans doute son disque le plus abouti à ce jour. Un album riche de multiples influences, porté par la virtuosité de ses musiciens et traversé de mélodies puissantes. Mais l’exigence ne s’arrête pas à la musique : elle est aussi dans les mots. Car Fatras, c’est une attention rare portée au texte, une poésie exigeante, une langue française maniée avec justesse et sens. Un art d’écrire et de dire qui fait toute leur force.

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